Cours 8: La catégories des espaces cohérents est monoïdale close
Catégories $Coh$ et $Stab$
- Continuité:
- \[b ∈ f(x) ⟹ ∃ d \text{fin. tq} b ∈ f(d)\]
- Stabilité:
-
$d$ minimal
- Linéarité:
-
$d$ un singleton
Si $f: A ⟶ B$ linéaire:
\[tr_\ell(f) ⊆ \vert A \vert × \vert B \vert\]car \(tr(f) ⊆ Cl_{fin}(A) × \vert B \vert\)
mais toutes les cliques de $A$ sont des singletons dans le cas linéaire.
- $Coh$:
-
catégorie des espaces cohérents et fonctions linéaires
- $Stab$:
-
catégorie des espaces cohérents et fonctions stables
Il y a un foncteur d’oubli (inclusion)
\[𝒰: Coh ⟶ Stab\]$Coh$ a les coproduits
- \[\vert A_1 \oplus A_2 \vert ≃ \vert A_1 \vert + \vert A_2 \vert\]
- \[(c, i) \sim_{A_1 \oplus A_2} (c', i') ⟺ i = i' \text{ et } c \sim_{A_i} c'\]
Pour tout $A$:
\[\vert 0 \oplus A \vert ≃ \vert A \vert ⟹ \vert 0 \vert = ∅\]L’espace cohérent initial est $0$ (tq $\vert 0 \vert = ∅$): en effet, l’injection
\[ι_A : 0 ⟶ A\]envoie la clique vide sur la clique vide.
Mais remarquons qu’on l’avait noté $⊤$ dans $Stab$: c’était l’objet terminal !
En fait: dans $Coh$,
\[0 = ⊤ \text{ est initial et terminal: c'est un objet zéro}\]NB:
-
dans la catégorie $Vect_𝕂$, l’espace vectoriel trivial $\lbrace 0 \rbrace$ est aussi un élément zéro. Dans cette catégorie, les produits et coproduits finis coïncident aussi !
-
au niveau de la trame, les espaces cohérents se comportent comme les espaces vectoriels :
- une base du coproduit $\oplus$ est donnée par une base des deux espaces
- on peut donner des modèles d’espaces vectoriels à la logique linéaire
- mais: dans $Coh$, les coproduits et les produits ne coïcident pas !
Rappel: produit $\&$ dans $Coh$:
- \[\vert A_1 \& A_2 \vert = \vert A_1 \vert + \vert A_2 \vert\]
- \[(c, i) \sim_{A_1 \& A_2} (c', i') ⟺ i ≠i' \text{ ou } \Big(i = i' \text{ et } c \sim_{A_i} c' \Big)\]
DE PLUS: $Coh$ n’est pas une CCC ⇐ $\& A$ n’a pas d’adjoint à droite (pareil pour les espaces vectoriels).
Alors qu’on avait bien
\[Stab(Γ \& A, B) ≃ Stab(Γ, A ⇒ B)\]$Coh$ est une Catégorie Monoïdale
Catégories monoïdales
- Une catégorie monoïdale:
-
est la donnée d’un uplet $(𝒞, \otimes, 1, \underbrace{α, λ, ρ}_{\text{morphismes structuraux}})$, où:
- $𝒞$ est une catégorie
- $\otimes: 𝒞 × 𝒞 ⟶ 𝒞$ est un bifoncteur
- $1: \mathbb{1} ⟶ 𝒞$ ($1$ est un objet de $𝒞$)
-
Associativité: le diagramme suivant commute:
\[\begin{xy} \xymatrix{ 𝒞×𝒞×𝒞 \ar[r]^{\otimes × Id} \ar[d]_{Id × \otimes} \ar[rd]^{α} & 𝒞×𝒞 \ar[d]^{\otimes} \\ 𝒞×𝒞 \ar[r]_{\otimes} & 𝒞 } \end{xy}\]où $α_{A, B, C}: (A\otimes B) \otimes C ⟶ A \otimes (B \otimes C)$ est un isomorphisme naturel
-
$1$ élément neutre pour $\otimes$: Uniteurs
-
$ρ_A: A \otimes 1 ⟶ A$: \(\_ \otimes 1 \overset{ρ}{≃} Id\)
-
$λ_A: 1 \otimes A ⟶ A$: \(1 \otimes \_ \overset{λ}{≃} Id\)
-
-
le pentagone de MacLane commute
-
les triangles des uniteurs à gauche et à droite commutent:
\[\begin{xy} \xymatrix{ (1 \otimes A) \otimes B \ar[r]^{α_{1, A, B}} \ar[rd]_{λ_A \otimes id_B} & 1 \otimes (A \otimes B) \ar[d]^{λ_{A \otimes B}} \\ & A \otimes B } \end{xy}\]et idem à droite
NB:
- si $α, λ, ρ$ sont des identités ⟶ on parle de catégorie monoïdale stricte
-
mais il n’y a aucune raison qu’elle soit stricte:
- ex: les espaces vectoriels et le produit tensoriel $\otimes$ forment une catégorie monoïdale faible
-
Théorème de cohérence (MacLane): la naturalité des morphismes structuraux et la commutativité des triangles et du pentagone de MacLane impliquent que si deux objets sont isomorphes via $α, λ, ρ$, alors ils le sont d’une seule manière (un seul iso).
-
principe du microcosme: pour définir la notion de catégorie monoïdale, on a utilisé le fait que la catégorie des (petites) catégories est monoïdale ($\otimes$ est le produit de catégories)
-
une catégorie monoïdale est une 2-catégorie avec un seul objet, de la même manière qu’un monoïde est une 1-catégorie avec un seul objet
-
principe du microcosme ⟶ pour défnir une structure au niveau $n$, on a besoin de la structure au niveau $n+1$
- on utilise le fait que la faiblesse des égalités “collapse” à un certain niveau ⟶ ici, si on était en train de définir une 2-catégorie monoïdale, on aurait pu demander à ce que le pentagone de MacLane ne commute pas strictement, mais seulement à un 3-isomorphisme près.
-
Catégories monoïdales symétriques
Notées SMC (Symmetric Monoidal Category).
On a en plus une transformation naturelle $σ: \otimes ⟶ Σ ; \otimes$ (où $Σ: 𝒞 × 𝒞 ⟶ 𝒞 × 𝒞$ est le foncteur qui échange deux objets)
\[σ_{A, B}: A \otimes B ⟶ B \otimes A\]qui, en plus vérifie:
- des conditions de cohérence
- \[σ_{B, A} \circ σ_{A, B} = id_{A \otimes B}\]
NB:
- Cas plus général: catégories monoïdales tressées ⟶ $σ_{A, B}$ n’est plus égale à $σ^{-1}_{A, B}$
Exs:
- La catégorie des e.v. + produit tensoriel est monoïdale symmétrique
Toute catégorie cartésienne est monoïdale symmétrique
$(Set, ×, \lbrace \star \rbrace, ⋯)$ est une catégorie monoïdale symmétrique faible
Remarque: De même, toute catégorie cartésienne est monoïdale symmétrique → modulo l’axiome du choix, en choisissant un objet produit (ils sont tous isomorphes), $×$ donne un foncteur produit:
\[(A, B) ⟼ A × B\]L’élement neutre pour $\otimes$ est l’objet terminal $1$
Prop: Une catégorie monoïdale symétrique est cartésienne ssi il existe des transformations naturelles (monoïdales):
Diagonale (possibilité de dupliquer): \(δ_A: A ⟶ A \otimes A\)
Possibilité d’effacer \(ε_A : A ⟶ 1\)
rendant tout objet un comonoïde.
NB: la logique linéaire diffère de la logique intuitioniste en ce qu’elle refuse précisément ces possibilités de dupliquer et d’effacer ⟶ elle est bien monoïdale cependant (les espaces cohérents forment une catégorie monoïdale mais pas cartésienne).
Catégories monoïdales symétriques closes
Notées SMCC (Symmetric Monoidal Closed Category).
- Catégorie monoïdale symétrique close (SMCC):
-
est une SMC telle que pour tout objet $A$, le foncteur $_ \otimes A: 𝒞 ⟶ 𝒞$ a un adjoint à droite $A \multimap _: 𝒞 ⟶ 𝒞$:
\[𝒞(Γ \otimes A, B) ≃ 𝒞(Γ, A \multimap B)\]
NB: si la catégorie est cartésienne, $\multimap$ coïncide avec $⇒$.
$Coh$ est une catégorie monoïdale symétrique close
- Espace cohérent “produit tensoriel”:
-
\[\vert A \otimes B \vert ≃ \vert A \vert × \vert B \vert\]
Et :
\[(a, b) \sim_{A \otimes B} (a', b') ⟺ a \sim_A a' \text{ et } b \sim_{B} b'\] - Espace cohérent “flèche linéaire”:
-
\[\vert A \multimap B \vert ≃ \vert A \vert × \vert B \vert\]
Et :
\[(a, b) \frown_{A \multimap B} (a', b') ⟺ a \sim_A a' \text{ implique } b \frown_{B} b'\]
Lemme: $Coh$ est une SMCC
Preuve: similairement à ce qu’on a fait avant dans $Stab$, on montre que
\[Cl(A \multimap B) ≃ Coh(A, B)\](la définition de $\multimap$ est pensée pour)
Espace $!A$ et linéarisation
$!A$
Espace cohérent $A \multimap B$:
- \[\vert A \multimap B \vert ≃ \vert A \vert × \vert B \vert\]
- \[(a, b) \frown_{A \multimap B} (a', b') ⟺ a \sim_A a' \text{ implique } b \frown_{B} b'\]
Espace cohérent $A ⇒ B$:
- \[\vert A ⇒ B \vert ≃ Cl_{fin}(A) × \vert B \vert\]
- \[(d, b) \frown_{A ⇒ B} (d', b') ⟺ d ∪ d'∈ Cl(A) \text{ implique } b \frown_{B} b'\]
Les cliques
- du premier sont les fonctions linéaires
- du deuxième sont les fonctions stables
Donc en définissant
- l’espace $! A$ (bien-sûr $A$ / bang $A$):
-
\[\vert ! A \vert ≝ Cl_{fin}(A)\]
où \(d \sim_{! A} d' ⟺ d ∪ d' ∈ Cl(A)\)
Il vient que:
\[A ⇒ B = !A \multimap B\]Foncteur $!: Stab ⟶ Coh$
On va définir un foncteur
\[!: Stab ⟶ Coh\]Sur les objets
ok, avec ce qui précède.
Sur les morphismes:
Soit $f: A ⟶ B$ stable. Il faut définir $!f: !A ⟶ !B$ linéaire.
On définit $!f$ comme la fonction linéaire dont la trace est
\[tr \; !f ≝ \left\lbrace \left(\bigcup_{i=1}^n d_i, \lbrace b_1, ⋯, b_n \rbrace \right) \mid n∈ ℕ, ∀i, (d_i, b_i) ∈ tr(f), \bigcup_{i=1}^n d_i ∈ Cl(A) \right\rbrace\]NB: $\bigcup_{i=1}^n d_i ∈ Cl(A)$ implique que $\lbrace b_1, ⋯, b_n \rbrace ∈ Cl(B)$ par définition de $A ⇒ B$
On vérifie que $tr(!f)$ est une clique de $!A \multimap !B$: en effet, si
\[\left(\bigcup_{i=1}^n d_i, \lbrace b_1, ⋯, b_n \rbrace\right) ≠ \left(\bigcup_{i=1}^n d'_i, \lbrace b'_1, ⋯, b'_n \rbrace\right)\]et si $d_i ∪ d’_j ∈ Cl(A)$, alors $b_i \frown b’_j$.
NB: \(tr(id_A) = \lbrace (\lbrace a \rbrace, a) \mid a ∈ \vert A \vert\rbrace\)
et
\[tr_\ell(id_A) = \lbrace (a, a) \mid a ∈ \vert A \vert\rbrace\]Adjonction $! \dashv 𝒰$
Prop: Le foncteur d’oubli $𝒰: Coh ⟶ Stab$ a pour adjoint à gauche $!: Stab ⟶ Coh$:
\[Coh(!A, B) ≃ Stab(A, B)\]
Preuve: en effet, cela vient du fait qu’on a
\[A ⇒ B \, = \, !A \multimap B\]NB: ça va nous permettre de traduire la logique intuitioniste (donc le $λ$-calcul) dans la logique linéaire, qui en est un raffinement: en effet: l’opération $A ⇒ B$ est décomposée en deux opérations $!A \multimap B$
- espaces cohérents: dimension 0
- fonctions linéaires: dimension 1
- réécriture: dimension 2 (2-catégorique)
Leave a comment