Cours 2 : Complétude et Complétude réfutationnelle
Complétude
- $I$ est complet :
-
si $\vDash ⊆ \vdash_I$
Complétude de la résolution
- Complétude réfutationnelle :
-
si $H$ est insatisfaisable, alors $H \vdash_I \bot$
Th : Res+Fact est réfutationnellement complet.
Soit $H$ un ensemble de clauses.
\[H^\ast ≝ \lbrace C \mid H \vdash_I C \rbrace\] \[\bot ∈ H^\ast \text{ ssi } A(H^\ast) \text{ vide }\]Par l’abs, supposons que :
- $H$ est insatisfaisable
- $A(H^\ast)$ est non vide
$H$ insatisfaisable ssi $A(H)$ est fini
$H$ insat. ssi $H^\ast$ insat :
- $⟹$ : car $H ⊆ H^\ast$
- $⟸$ : car si $I \vDash H$, alors $I \vDash H^\ast$ par correction du système d’inférence
Par l’absurde, supposons qu’on puisse avoir :
- $A(H^\ast)$ est fini
et
- $A(H^\ast)$ est non vide
Il existe dans l’arbre $A(H^\ast)$ un noeud $I_0$ dont les deux fils $I_1$ et $I_2$ sont des noeuds d’échec.
d’où :
- $I_0$ ne falsifie aucune clause de $H^\ast$
- il existe une clause $C_1∈H^\ast$ (resp. $C_2∈H^\ast$) tq $I_1$ (resp. $I_2$) falsifie $C_1$ (resp. $C_2$)
Soit
\[\lbrace P_1, ⋯, P_{n-1} \rbrace = Dom_(I_0)\]- $I_1$ : $I_0$ étendu par $P_n \mapsto 0$
- $I_2$ : $I_0$ étendu par $P_n \mapsto 1$
Alors : $P_n$ (ou $\lnot P_n$) est un littéral de $C_1$ car $C_1$ n’est pas falsifié par $I_0$.
Mais ça ne peut pas être $\lnot P_n$, puisque c’est $P_n \mapsto 0$ qui falsifie $C_1$.
Idem pour $C_2$.
Donc :
- $C_1 = P_n ∨ C’_1$
- $C_2 = \lnot P_n ∨ C’_2$
Donc par la règle (Res), on peut dériver $C’_1 ∨ C’_2$ de $C_1$ et $C_2$, et
\[C'_1 ∨ C'_2∈H^\ast\]Quitte à supposer $C’_1$ et $C’_2$ minimales, on a par factorisation :
- $P_n \not∈ VarProp(C’_1)$
- $P_n \not∈ VarProp(C’_2)$
Donc :
$I_1$ falsifie $C_1$, d’où $I_1$ falsifie $C’_1$, donc $I_0$ falsifie $C’_1 \not\ni P_n$
De même, $I_0$ falsifie $C’_2$
Donc $I_0$ falsifie $C’_1 ∨ C’_2∈H^\ast$ : absurde, puisque $I_0$ n’est pas un noeud d’échec.
On peut même restreindre les règles, et garder le caractère réfutationnellement complet :
1. Stratégie ordonnée (Res max)
(Res) seulement si $P$ est maximale dans $C∨P$ et dans $C∨ \lnot P$
2. Stratégie négative
(Res) seulement si $C’$ ou $C$ ne contient que des littéraux négatifs.
3. Stratégie unitaire
Une des deux prémisses est réduite à 1 littéral.
PAS réf. complet !
⟶ Réf. complet pour les clauses de Horn
- Clauses de Horn :
-
au plus un littéral positif par clause
3. Stratégie linéaire
L’arbre de preuve est un peigne : chaque noeud a au plus un fils qui n’est pas une hypothèse.
PAS réf. complet !
⟶ Réf. complet pour les clauses de Horn
3. Stratégie de sélection
On a une fonction de sélection qui sélectionne un littéral de la clause :
\[f: clause ⟶ \text{ un littéral de la clause}\]$C∨\lnot P$ | $C’∨ P$ |
---|---|
$C’∨C$ |
seulement si
- $P = f(C∨P)$
- $\lnot P = f(C’∨P)$
PAS réf. complet !
⟶ Réf. complet pour les clauses de Horn
NB : généralise les stratégie négative, unitaire et ordonnée !
Complétude
$S \vDash 𝜑$
ssi
$S, \lnot 𝜑 \vDash \bot$
DONC
$S \vDash L_1 ∨ ⋯ ∨ L_n$
ssi
$S, \lnot L_1, ⋯, \lnot L_n \vDash \bot$
Fact+Res n’est PAS complet
Th : $\lbrace Res, Fact, xx\rbrace$ est complet
$𝜑 = L_1 ∨ ⋯ ∨ L_n$
Si $S \vDash 𝜑$ alors $S, \lnot L_1, ⋯, \lnot L_n \vdash_{Res+Fact} \bot$
Par récurrence sur la preuve de $S, \lnot L \vdash C_0$ :
SI $S, \lnot L \vdash C_0$, ALORS $S \vdash L ∨ C_0$
- Si la dernière règle est une résolution : $C_0 = C’∨C$
$𝜋_1$ | $𝜋_2$ |
---|---|
$C∨\lnot P$ | $C’∨ P$ |
$C’∨C$ |
Par HR :
$S, \lnot L_0 \vdash C∨\lnot P$ entraîne
\[S \vdash L_0 ∨ C∨\lnot P\]Puis : symétrie, et règle de factorisation.
- Si la dernière règle est une factorisation : $C_0 = L∨C$ : on procède de même
PROBLÈME : le cas de base n’est PAS vérifié dans le système d’inférence Res+Fact !
-
Cas de Base : $C_0 ∈ S∪ \lbrace \lnot L_0 \rbrace$
- Si $C_0 = \lnot L_0$ : on voit bien qu’il faut ajouter la règle du tiers-exclus
- Si $C_0 = S$ : on voit bien qu’il faut ajouter la règle d’affaiblissement :
$C$ |
---|
$C∨L$ |
Il nous faut donc revenir à l’hérédité dans la preuve par récurrence, pour traiter les cas où :
-
- La dernière règle est un affaiblissement : $C_0 = C∨L$
-
trivial
-
- La dernière règle est un tiers-exclus : $C_0 = P∨\lnot P$
-
on utilise la règle d’affaiblissement, et le résultat en découle de manière immédiate.
On a donc montré que :
SI $S, \lnot L \vdash C_0$, ALORS $S \vdash L ∨ C_0$
donc avec $C_0=\bot$,
SI $S, \lnot L \vdash \bot$, ALORS $S \vdash L ∨ \bot \vdash L$
Donc avec la complétude réfutationnelle :
Si $S \vDash 𝜑$
alors
$S, \lnot 𝜑 \vDash \bot$ ($S, \lnot 𝜑$ insatisfaisable)
alors (complétude réfutationnelle)
$S, \lnot 𝜑 \vdash \bot$
alors (démonstration précédente, avec $C_0 = \bot$)
$S \vdash 𝜑$
Stratégie de sélection
$C∨P$ | $C’∨\lnot P$ |
---|---|
$C∨C’$ |
seulement si
\[f(C∨P)= P \\ f(C'∨\lnot P) = \lnot P\]$f: Clauses ⟶ Littéraux$
Ex :
- Stratégie ordonnée : $f= \max$
- Stratégie négative : $f$ sélectionne un littéral positif s’il y en a un
Ex : $f$ : sélection arbitraire (littéraux soulignés)
\[\underbrace{P}_{}∨ \lnot Q, \underbrace{Q}_{}\]⟶ aucune inférence possible
\[\underbrace{P}_{}∨ \lnot Q \\ \underbrace{Q}_{}∨ ¬R \\ \underbrace{¬Q}_{}∨ ¬P\]⟶ seule inférence possible : $¬R ∨ ¬P$
\[\underbrace{P}_{}∨ \lnot Q \\ \underbrace{Q}_{}∨ ¬R \\ \underbrace{¬R}_{}\]⟶ aucune inférence possible
Th : Pour toute fonction de sélection, la stratégie de sélection est réfutationnellement complète pour les clauses de Horn.
NB : contre-ex pas avec les clauses de Horn :
\[\underbrace{P}_{}∨ Q \\ \underbrace{Q}_{}∨ ¬P \\ \underbrace{¬Q}_{}∨ P \\ \underbrace{¬P}_{}∨ ¬Q\]clairement insatisfaisable.
Deux inférences possibles : $P∨¬P, ¬Q∨Q$, puis : plus aucune autre inférence possible, alors qu’il est insatisfaisable ! ⟶ non réf. complet.
Preuve :
On suppose que $E$ est insatisfaisable.
\[E^\ast ≝ \lbrace C \mid E \vdash_f C \rbrace\]$E^\ast$ est un ensemble de clauses de Horn.
Mq $\bot ∈ E^\ast$
NB : Caractérisation des clauses de Horn : l’intersection de deux modèles est toujours un modèle ⟶ structure de trellis (pour l’inclusion)
Contre-Ex : $P∨Q$ ⟶ les modèles $\lbrace P \rbrace$, $\lbrace Q \rbrace$ ont une intersection qui ne satisfait pas $P∨Q$
DONC : Clauses de Horn ⟹ existence d’un plus petit modèle (un inf pour l’intersection).
Par l’absurde : si $\bot ∉ E^\ast$ :
On pose
\[I_0 ≝ E^\ast ∩ 𝒫\]- 1er Cas (particulier, pour fixer les idées) : $f$ sélectionne un littéral négatif quand c’est possible.
Soit $C$ une clause de $E^\ast$ falsifiée par $I_0$
- Cas 1 : soit $C = ¬P_1 ∨ ⋯ ∨ ¬P_n$, alors $P_1, ⋯, P_n ∈ I_0$, et
Récurrence sur $n$ :
Si, sans perte de généralité $P_1$ est sélectionné par $f$, par résolution, on dérive de $P_1$ et $C$ : $¬P_2 ∨ ⋯ ∨ ¬P_n$
on conclut par récurrence descendante.
- Cas 2 :
$C = P ∨ ¬P_1 ∨ ⋯ ∨ ¬P_n$, alors $P_1, ⋯, P_n ∈ I_0$, et
$f$ ne peut pas sélectionner $P$ (par hypothèse).
Si $n≠0$ : on réduit la formule comme précédemment, sinon si $n=0$ : impossible car $P∈I_0$ et $I_0$ falsifie $P$.
Cas général :
\[I_1 ≝ I_0 ∪ \lbrace P \mid \underbrace{P}_{} ∨ ¬P_1 ∨ ⋯ ∨ ¬P_n ∈ E^\ast, P_1, ⋯, P_n ∈ I_0 \rbrace \\ I_{n+1} ≝ I_n ∪ \lbrace P \mid \underbrace{P}_{} ∨ ¬P_1 ∨ ⋯ ∨ ¬P_n ∈ E^\ast, P_1, ⋯, P_n ∈ I_n \rbrace\] \[I = \bigcup_{n≥0} I_n\]$I$ falsifie une clause $C∈E^\ast$
$∃n$ minimal tel que $I_n$ falsifie $C$ ($n$ minimal $>0$ (si $n=0$ : on se ramène au cas précédent))
-
Cas 1 : soit $C = ¬P_1 ∨ ⋯ ∨ ¬P_n$, alors $P_1, ⋯, P_n ∈ I_n$, et on conclut par récurrence descendante comme précédemment dans l’exemple que $\bot ∈E^\ast$
-
Cas 2 :
$C = P ∨ ¬P_1 ∨ ⋯ ∨ ¬P_n$ ($C$ minimale) alors $P_1, ⋯, P_n ∈ I_n$, et
$f(C) = P$ par minimalité.
Donc $P ∈ I_{n+1}$ par définition, et, par suite :
$I$ ne falsifie pas $C$ : absurde.
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