Cours 1 : Introduction
Introduction
Tiers-exclus :
Prop : \(∃𝛼, 𝛽∈ℝ\backslash ℚ, \\ 𝛼^𝛽∈ℚ\)
Dém :
-
Si $\sqrt{2}^\sqrt{2}∈ℚ$ : $𝛼=𝛽=\sqrt{2}$
-
Sinon : $𝛼=\sqrt{2}^\sqrt{2}, 𝛽 = \sqrt{2}$
NB : démonstration non constructive, non admise si on n’admet pas le tiers-exclus.
Hilbert : conjectures ⟶ “ je peux accepter l’existence de nouveaux objets si je prouve qu’il n’y a pas de contradiction avec les axiomes de l’arithmétique élémentaire.”
Dans l’arithmétique élémentaire : on peut coder toutes les fonctions récursives.
MAIS : Gödel : on ne pourra jamais démontrer la cohérence de l’arithmétique élémentaire avec ses axiomes.
Aujourd’hui : logique mathématique = branche des maths la plus abstraite.
Correspondance de Curry-Howard : un énoncé = un type, une preuve constructive = un programme.
Calculer = simplifier des preuves ⟶ théorie de la programmation : très proche de la théorie de la démonstration.
Ex :
-
Normalisation forte en programmation théorique ⟶ application aux compilateurs, etc …
- ex: évaluation paresseuse de $ou(True, x)$
- élimination des coupures
-
Church : trilogie Logique - Circuits - Automates
- ex: logique monadique faible du second ordre est aussi expressive que les automates de Buchy
-
Lien Circuits/Complexité : Circuits : calcul plus efficace, en complexité, que les MT (parallélisation, etc..)
-
Bases de données : une requête = une formule ⟶ trouver toutes les instances des variables libres de la requête qui satisfont la requête
-
Complexité descriptive : quels sont les problèmes qui sont dans NP ⟶ ceux qu’on peut décrire par une formule existentielle du second ordre : théorème d’Immermann
-
Logique de Hoare en algo ⟶ Preuves de programmes, Spécification
-
Intelligence artificielle :
- ex: représentation des connaissances, ontologie du web, …
- logiques de description
-
Programmation en logique :
- ex: Prolog, …
Objectif du cours : comprendre la distinction profonde entre syntaxe et sémantique.
Ex : quand on écrit une preuve en maths, on ne fait pas cette distinction.
NB : on ne formalisera pas la logique dans laquelle le cours est formulé, au début du cours
Calcul propositionnel
Logiques propositionnelles : décidables ⟶ pas très expressives.
1. Syntaxe
- $𝒫$ : ensemble des variables propositionnelles (peut être infini)
- Formules du calcul propositionnel :
-
le plus petit ensemble tq :
- Si $P∈𝒫$, $P$ est une formule
- $\bot, \top$ sont des formules
- Si $𝜑, 𝜓$ sont des formules,
NB : cet ensemble existe : c’est un point fixe dans un trellis complet trivial.
2. Sémantique classique
- Interprétation :
-
sous-ensemble de $𝒫$
- $I$ satisfait $𝜑$ (noté $I \vDash 𝜑$) :
-
si :
- $𝜑=\top$
- $𝜑∈𝒫$ et $𝜑∈I$
-
Par induction :
$𝜑=𝜑_1 ∧ 𝜑_2$ et : $I \vDash 𝜑_1$ et $I \vDash 𝜑_2$
- etc…
$S$ : ensemble de formules
- $I \vDash S$ :
-
si c’est le cas pour toutes les formules de $S$
NB : $I$ est alors un modèle de $S$.
$S$ est satisfaisable si $S$ a un modèle.
$𝜑$ est valide si tout interprétation $I$ satisfait $𝜑$.
- $𝜑$ est conséquence logique de $S$ si :
-
pour tout $I∈2^𝒫$, $I \vDash S$ entraîne $I \vDash 𝜑$
- Équivalence logique :
-
si $𝜑 \vDash 𝜓$ et $𝜓 \vDash 𝜑$
Exercice : Si $𝒫$ est fini, la relation “être des formules équivalentes” est une relation d’équivalence d’indice fini sur les formules : cardinal du quotient ?
Th de Compacité : Si $S$ est insatisfaisable, alors $S$ contient un sous-ensemble fini insatisfaisable.
Dém :
-
M1 : Compacité d’un espace topologique
-
M2 :
Preuve dans le cas où $𝒫 = \lbrace P_i \mid i∈ℕ \rbrace$
Arbres sémantiques :
Interprétation partielle : sous-ensemble finis de $𝒫$, application de $\lbrace P_0 ⋯ P_n \rbrace⟶ \lbrace 0,1 \rbrace$
On les ordonne partiellement par :
\[I≤J ⟺ \begin{cases} Dom(I)⊆Dom(J) \\ J_{\mid Dom(I)} = I \end{cases}\]On peut représenter une interprétation partielle à l’aide d’un arbre de hauteur $n$ :
digraph {
rankdir=TB;
a[label="P_1"];
b[label="¬P_1"];
∅ -> a[label="1"];
∅ -> b[label="0"];
}
$A(S)$ : arbre sémantique de $S$ = ens. des interprétations partielles qui ne falsifient aucune formule de $S$.
$I$ falsifie $𝜑$ si $VarProp(𝜑) ⊆ Dom(I)$ et $I \not\vDash 𝜑$
Ex :
$S = \lbrace P_0 ∨ P_1 \rbrace ∪ \lbrace P_i ⟹ P_{i+1} \mid i∈ℕ \rbrace$
$A(S)$ :
digraph {
rankdir=TB;
subgraph cluster1 {
label="P_0 ⟹ P_1";
d[label="¬P_1"];
}
subgraph cluster2 {
label="P_0 ∨ P_1";
f[label="¬P_1"];
}
a[label="P_0"];
b[label="¬P_0"];
c[label="P_1"];
e[label="P_1"];
∅ -> a[label="1"];
∅ -> b[label="0"];
a -> c[label="1"];
a -> d[label="0"];
b -> e[label="1"];
b -> f[label="0"];
}
(Les sous-arbres encadrés sont supprimés, car ils contredisent la formule indiquée dans le cadre)
Si $A(S)$ est infini : il existe un chemin infini
\[\lbrace I_n \mid n∈ℕ \rbrace\]où $(I_n)$ est croissante d’interprétations telles qu’aucune de falsifie une formule $S$, et
\[Dom(I_n) = \lbrace P_0, ⋯, P_n \rbrace\]Soit $I$ tel que :
\[I(P_n) ≝ I_n(P_n)\]alors :
\[I \vDash S\](sinon : il existe un $I_n$ tel que $I_n \not\vDash S$)
Par contraposée : si $S$ est insatisfaisable, alors l’arbre sémantique $A(S)$ est fini.
Donc toutes les feuilles sont des noeuds d’échec : on note
\[𝜑_1, ⋯, 𝜑_m∈S\]qui étiquettent les noeuds d’échec.
Alors :
\[A(\lbrace 𝜑_1, ⋯, 𝜑_m \rbrace) = A(S)\]et comme
$A(S)$ fini et toutes ses feuilles sont des noeuds d’échec ⟹ $S$ insatisfaisable (par contraposée)
il vient que
\[\lbrace 𝜑_1, ⋯, 𝜑_m \rbrace\]est insatisfaisable.
Applications :
- Si toute partie finie est $k$-coloriable, alors le graphe est $k$-coloriable.
Conséquence logique
Entscheidungsproblem : Problème de la déduction : est-ce qu’une formule est la conséquence d’un ensemble de formules ?
$S$, $𝜑$ : est-ce que $S \vDash 𝜑$ ?
i.e : est-ce que $S ∪ \lbrace \lnot 𝜑 \rbrace$ insatisfaisable ?
Résolution :
- Clause :
-
disjonction de littéraux
- Littéral :
-
Une variable propositionnelle ou sa négation
Simplifications classiques des formules, associativité, commutativité, de Morgan, distributivité du ET et du OU, etc ….
⟶ théorème de normalisation forte de ces règles : toute formule est équivalente à une formule CNF.
\[𝛼: Formules ⟶ ℕ\]Prop : L’application des règles dans un ordre quelconque termine toujours.
tq si on peut simplifier $𝜑$ en $𝜓$,
\[𝛼(𝜑) > 𝛼(𝜓)\]- $𝛼(P)=2$ si $P∈𝒫$
Intuitivement : le NON et le OU rentrent à l’intérieur, le ET sort
-
$𝛼(𝜑∨𝜓)=𝛼(𝜑)𝛼(𝜓)$
-
$𝛼(𝜑∧𝜓)=𝛼(𝜑) + 𝛼(𝜓)+1$
-
$𝛼(\lnot 𝜑)=2^{𝛼(𝜑)}$
-
$𝛼(𝜑⟹𝜓)=2^{𝛼(𝜑)+𝛼(𝜓)}$
-
$𝛼(\top)=2$
-
$𝛼(\bot)=2$
Ex :
$𝛼(\lnot (𝜑 ∨ 𝜓)) = 2^{𝛼(𝜑)𝛼(𝜓)}$
⟶ $𝛼(\lnot 𝜑 ∧ \lnot 𝜓) = 2^{𝛼(𝜑)} + 2^{𝛼(𝜓)} + 1$
$𝛼(\lnot (𝜑 ∧ 𝜓)) = 2^{𝛼(𝜑)+𝛼(𝜓)+1}$
⟶ $𝛼(\lnot 𝜑 ∧ \lnot 𝜓) = 2^{𝛼(𝜑)} \times 2^{𝛼(𝜓)}$
$𝛼((𝜑 ∧ 𝜓) ∨ 𝜃) = (𝛼(𝜑) + 𝛼(𝜓)+1)𝛼(𝜃)$
⟶ $𝛼((𝜑 ∨ 𝜃) ∧ (𝜓 ∨ 𝜃)) = 𝛼(𝜑)𝛼(𝜃) + 𝛼(𝜓)𝛼(𝜃)+1$
Preuve :
Si $𝛼(𝜑) > 𝛼(𝜓)$ :
alors
- $𝛼(𝜑 ∧ 𝜃) > 𝛼(𝜓∧ 𝜃)$
- $𝛼(𝜑 ∨ 𝜃) > 𝛼(𝜓∨ 𝜃)$
- $𝛼(𝜑 ∧ 𝜃) > 𝛼(𝜓∧ 𝜃)$
Pour tout $𝜑$, $𝛼(𝜑)≥2$
$∀x,y≥2$,
\[2^{xy} = 2^{\max(x,y) \min(x,y)} ≥ 2^{\max(x,y) + 2} > 2^{\max(x,y) + 1} + 1 > 2^{x} + 2^y + 1\]Associativité + Commutativité ⟹ l’ordre d’application des règles n’a aucune importance
Prop : Les formules irréductibles sont des conjonctions des clauses.
Satisfaisabilité de $S$ se ramène à la satisfaisabilité d’un ensemble de clauses.
NB :
- “La” forme clausale n’est pas unique.
- ex: $p ∨ \lnot p$ VS $q ∨ \lnot q$
- Complexité algorithmique optimale : exponentielle (spatialement, et temporellement), et on ne peut pas faire mieux.
Preuves
$I$ système d’inférence (résolution, déduction naturelle, calcul des séquents)
Arbres de preuves :
- prémisses, conclusion
Ens. récursif de tuples $(𝜑_1, ⋯, 𝜑_n, 𝜑)$, où les $𝜑_i$ et $𝜑$ sont des formules
- Preuve dans le système d’inférence $I$ avec hypothèses $H$ et conclusion $𝜑$ :
-
c’est un arbre fini étiqueté par des formules tq :
- les feuilles sont étiquetées par les hypothèses
- la racine est étiquetée par la conclusion
- si un noeud interne est étiqueté par $𝜓$, il a $n$ fils étiquetés $𝜓_1, ⋯, 𝜓_n$ tq
$𝜓_1$ | $⋯$ | $𝜓_n$ | |
---|---|---|---|
$𝜓$ |
est une instance d’une règle de $I$
NB : en logique, la racine d’un arbre de preuves est en bas.
Ex :
- $L$ : littéral
-
$H ≝ \lbrace P∨Q, \lnot P∨Q, P ∨ \lnot Q, \lnot P ∨ \lnot Q \rbrace$
- $I ≝ \lbrace Res, Fact \rbrace$ : deux règles :
Factorisation (Fact) :
$L∨L∨C$ | |
---|---|
$L∨C$ |
Résolution (Rés) :
$C∨\lnot P$ | $C’∨ P$ |
---|---|
$C’∨C$ |
Alors :
$\lnot P ∨ \lnot Q$ | $\lnot P ∨ Q$ | |||
---|---|---|---|---|
$\lnot P ∨ \lnot P$ | ||||
$\lnot P$ | ||||
$\bot$ |
(idem à droite)
- $I$ est correct (dan sla sémantique donnée):
-
si $\vdash_I ⊆ \vDash$
Prop : \(I = \lbrace Res, Fact\rbrace\)
est correct
Dém :
Mq
Si $H \vdash_I 𝜑$, soit $𝜋$ une preuve.
alors \(H \vDash 𝜑\)
Par réc sur $𝜋$ :
-
Cas de base : arbre réduit à une feuille : celle-ci est étiquetée par une formle $𝜑∈H$, et donc $H \vDash 𝜑$
-
Hérédité : La racine est étiquetée par $𝜑$.
- Si elle a 1 fils :
$𝜋 = $
$𝜋_1$ $𝜑$
$𝜋_1$ est une preuve de $𝜓$ par récurrence, avec les hypothèses $H$, et comme la règle de dérivation de $𝜑$ à partir de $𝜓$ ne peut être que Fact : le résultat est acquis (car tout modèle de $𝜓 = C∨L∨L$ est un modèle de $𝜑 = C∨L$ (facile)).
- Si elle a deux fils :
$𝜋 = $ (Rec)
$𝜋_1$ | $𝜋_2$ |
---|---|
$𝜑$ |
Par H.R :
\[\begin{cases} H \vDash 𝜓_1 \\ H \vDash 𝜓_2 \\ \end{cases}\]et
(Rec)
$𝜓_1$ | $𝜓_2$ |
---|---|
$𝜑$ |
Il vient alors que :
\[\begin{cases} 𝜓_1 = C∨ \lnot P \\ 𝜓_2 = C'∨ P \\ 𝜑 = C∨C' \end{cases}\]Pour tout $I$ : si $I \vDash H$, alors
\[\begin{cases} I \vDash 𝜓_1 \\ I \vDash 𝜓_2 \\ \end{cases}\]et
\[\begin{cases} I \vDash C \text{ OU } I \vDash \lnot P \\ I \vDash C' \text{ OU } I \vDash P \\ \end{cases}\]-
Si $I \vDash C$ : alors $I \vDash C ∨ C’$
-
Sinon : $I \vDash \lnot P$ : d’où $I \not\vDash P$, et $I \vDash C’$. Donc $I \vDash C ∨ C’$
Dans tous les cas : $C \vDash C ∨ C’$
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